La Récupération Utilisation de l’Eau de Pluie (RUEP) est révélatrice de l’enfermement physique, technique, économique et politique de l’eau urbaine au sein d’un dispositif qui est arrivé à maturité en France au XIX^e siècle. Cet enfermement a contribué à réduire la place effective du particulier, ses liens avec l’eau et son statut. La RUEP est l’occasion de questionner ce système. Nous avons observé ces mises en question dans plusieurs groupes professionnels et à travers l’expérience des aides de la Région Poitou-Charentes. Deux ensembles de questions sont traités. Le premier concerne l’ouverture du périmètre des agents économiques et décideurs de la gestion de l’eau à l’usager, aux entreprises de fabrication et d’installation ainsi qu’aux collectivités locales. Cette configuration plus ouverte pose la question de l’allocation des ressources et de la concurrence autour des positions relatives de chacun de ces acteurs. Le deuxième ensemble de questions concerne la transformation de l’organisation du marché en monopole local. Les entreprises de fabrication et d’installation proposent d’adjoindre au monopole local un marché spécifique RUEP sous forme d’appendice. La Région Poitou-Charentes tente, elle, le modèle de la filière pour concentrer des échanges entre des entreprises locales et des clients territorialement ancrés. Dans ces différents cas, la RUEP apparaît comme un support de réflexion et d’expérimentation qui révèle en miroir l’enfermement de l’organisation classique. Ce jeu de miroir sur le plan réflexif souligne le poids politico-économique du modèle classique dans l’opérationnel.