Branchements collectifs et pratiques sociales à Metro Cebu, Philippines : des services d'eau en quête de légitimation

Dossier  : Services en réseaux, services sans réseaux dans les villes du Sud
Par Véronique Verdeil
Français

Résumé

Les branchements collectifs sont rarement pris en compte dans la mesure du taux de desserte, focalisé sur le seul service domiciliaire d’approvisionnement en eau. Dans l’agglomération de Metro Cebu (Philippines), ils constituent pourtant une alternative majeure pour la population qui n’est pas raccordée directement au réseau. L’entreprise d’eau locale y développe timidement des bornes-fontaines subventionnées, gérées par des associations d’usagers et ferme les yeux sur la revente au détail, théoriquement illicite, effectuée par des abonnés privés, tout en contestant la légitimité de tels services. Celle-ci leur est accordée par les usagers : ces offres, quand elles sont spatialement accessibles, contribuent à la formation de demandes originales, en particulier parce qu’elles représentent un accès facilité à l’eau potable du réseau qu’il est possible de combiner à d’autres modes d’approvisionnement pour les usages non potables. L’analyse montre comment revendeurs, associations et usagers tirent parti de cette situation en reconstruisant des règles de fonctionnement fondées sur les réseaux sociaux, où la logique économique est en permanence débordée par la socialisation des pratiques de l’eau au sein du voisinage. Ces formes d’appropriation des branchements collectifs, à travers lesquelles se mélangent branchements privés des revendeurs et branchements publics des bornes-fontaines, servent un processus d’adaptation aux carences publiques et aux inégalités urbaines. À moyen terme, cette acceptation par les usagers d’une situation de fait se saurait cependant suffire à constituer une véritable politique sociale de l’accès à l’eau.

Voir l'article sur Cairn.info