De l’évacuation à l’impossible marchandisation : épreuves et débordements d’une boue industrielle encombrante et toxique

Par Sylvain Le Berre, Valentin Goujon, Vincent Banos
Français

La production d’alumine via le procédé Bayer génère des résidus toxiques – les « boues rouges » – qui constituent en volume un des plus importants déchets industriels au monde. Plus la production d’alumine s’accroît, plus cette part de résidus potentiellement toxiques et sans valeur marchande augmente. Que faire de ces restes de la production ? Comment les requalifier et les revaloriser ? Dans le cas étudié ici du site de Gardanne (Bouches-du-Rhône, France), l’exploitant industriel a entamé au tournant des années 1990 une démarche de Recherche & Développement destinée à la requalification et la valorisation marchande de ces boues en une ressource nouvelle. Mais faire d’un tas de boue toxique un produit commercialisable ne répond pas à une trajectoire linéaire. La stratégie de marchandisation développée par l’industriel va faire face à des contraintes techniques, réglementaires, économiques, politiques et territoriales. Nous montrons que ces contraintes sont interdépendantes et se recoupent dans l’épreuve clé que rencontre l’ingénierie, celle de la maîtrise de la matérialité.

Mots-clés

  • Déchets industriels
  • Valeurs
  • Matérialité
  • Proximité
  • Qualification
  • Marchandisation