L’évolution des politiques de développement des infrastructures de transport en contexte néolibéral togolais

Transformer. La mise en politique des projets d’infrastructures
Par Kossigari Djolar
Français

L’article examine le contexte contemporain des projets d’infrastructures de transport au Togo. Il met en lumière une transition significative vers le néolibéralisme dans la politique d’infrastructures de l’État. Alors que le pays émerge d’une période de turbulences politiques et économiques débutée en 1980 avec les programmes d’ajustements structurels et l’échec de la transition démocratique, les grands projets de transport sont présentés comme des catalyseurs d’un nouveau développement économique. Cependant, cette relance s’accompagne de changements majeurs dans la conception, le financement et la gestion des infrastructures, avec une forte implication des acteurs privés encouragée par des organismes supranationaux et des institutions financières internationales. Les infrastructures de transport ne sont plus seulement envisagées dans une perspective de consolidation de la souveraineté territoriale de l’État, comme elles l’étaient pendant la période de la politique des grands travaux. Dans le paradigme néolibéral, elles deviennent également, de manière plus prononcée, des instruments destinés à faciliter et accélérer les flux de connexion aux réseaux d’échanges mondiaux. Les infrastructures deviennent ainsi des instruments de domination politique et économique au profit du pouvoir politique togolais et des opérateurs privés, engendrant de nouveaux rapports de pouvoir à différentes échelles. Malgré la diversification des acteurs, l’État togolais renforce son pouvoir politique en s’adaptant aux exigences de la mondialisation économique. L’étude, basée sur des entretiens et des données quantitatives collectées entre 2019 et 2022 auprès d’une diversité d’acteurs investis dans le secteur, révèle que la néolibéralisation des infrastructures de transport a transformé les modes de production et de gestion, favorisant des pratiques de clientélisme et d’affairisme. En dépit de l’introduction de nouveaux mécanismes de financement et de gouvernance, l’État conserve un rôle central dans la coordination et le contrôle du secteur. Ainsi, l’ouverture au secteur privé ne diminue pas le pouvoir de l’État, mais contribue à façonner un État développementaliste néolibéral, conciliant la souveraineté avec la protection des intérêts privés.

Mots-clés

  • Infrastructure de transport
  • néolibéralisme
  • État développementaliste néolibéral
  • gouvernance
  • acteur privé
  • Togo
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