L’histoire du chemin de fer au Cameroun. Entre défis internes et enjeux géopolitiques
Le développement du chemin de fer au Cameroun s’inscrit au cœur de nombreux enjeux multiscalaires. À l’échelle du continent africain, la lutte d’influence entre la Chine, l’Europe et les États-Unis implique de nouveaux choix d’investissement. À l’échelle régionale, la présence de Boko Haram dans l’extrême nord et la crise anglophone dans l’ouest du Cameroun influent sur le développement du réseau ferroviaire et l’accessibilité des territoires. Au niveau national, le chemin de fer, puissant levier d’unification au lendemain de l’indépendance, demeure essentiel en tant qu’outil politique, social et économique, en dépit de la concurrence du mode routier et d’une architecture institutionnelle et contractuelle critiquée par les pouvoirs et l’opinion publique. Ce cadre général complexe interroge par conséquent les acteurs mobilisés et les choix techniques pour la réalisation du réseau, hérité de l’époque coloniale. Le modèle de gouvernance, instauré voire imposé par les bailleurs de fonds et les actionnaires privés, répond-il au principe d’une gestion économique efficace en faveur des intérêts socio-économiques des territoires traversés et des populations desservies ? Cet article apporte une réponse à cette question, en analysant le rôle des bailleurs des fonds dans les logiques géopolitiques actuelles, au regard de la nouvelle politique chinoise des routes de la soie (Belt and Road Initiative), ainsi que de la politique européenne Global Gateway, en faveur du développement des corridors de transport en Afrique.
Mots-clés
- Cameroun
- chemin de fer
- gouvernance
- bailleur de fonds
- corridor de transport