Conséquences de la crue extrême du 2 octobre 2020 dans la vallée de la Roya (Alpes Maritimes) sur les réseaux de transport et de communication : leçons pour la reconstruction

Par Eric Fouache, Adrien Marchiel, Alain Rabaute, Stéphane Desruelles, Christian Gorini, Nicoletta Bianchi, Raphaël Kerverdo, Sara Lafuerza
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Le 2 octobre 2020, le passage de la tempête « Alex » a favorisé le déclenchement de précipitations « méditerranéennes » exceptionnellement intenses dans les vallées côtières des Alpes-Maritimes, notamment celle de la Roya. Ces pluies ont provoqué de nombreux processus hydro-géomorphologiques dévastateurs, crues glissements de terrain et éboulements principalement. Les destructions, qui ont frappé des infrastructures modernes et anciennes, ont été considérables, avec des conséquences sociales et économiques dramatiques. La majorité des ponts ont été détruits entre Tende et Breil-sur-Roya, ainsi que de grandes sections de routes et de voies ferrées. Les réseaux électriques, d’alimentation en eau et de fibre optique ont aussi été interrompus. L’isolement des villages a duré plusieurs mois et la reconstruction n’est pas achevée au 12 décembre 2022.
À l’initiative d’enseignants-chercheurs de Sorbonne Université, un groupe de recherche, intitulé « Story : Risques et sociétés dans le bassin de la Roya : analyse pluridisciplinaire et multi-temporelle, des versants à la mer », s’est constitué, avec pour objectif d’associer des spécialistes des géosciences et de sciences humaines en vue (i) d’analyser la catastrophe d’octobre 2020, (ii) de restituer l’histoire des risques, de leur gestion et de leur perception et (iii) d’élaborer, avec les acteurs locaux, des recommandations pour la reconstruction de leur territoire, avec l’objectif de réduire les impacts des futurs événements extrêmes.
Cet article présente les résultats préliminaires issus d’observations de terrain et d’analyses de données collectées. Le caractère exceptionnel de la crue est confirmé par la destruction d’une quantité inédite de ponts par une crue dans la vallée. Un facteur aggravant a été la construction au XXe siècle des routes en remblai dans le lit du fleuve. La voie ferrée a été plus affectée par les éboulements et les glissements de terrain induits par l’épisode hydro-climatique.
La cartographie des secteurs détruits nous conduit à faire des recommandations, parfois en contradiction avec les directives retenues par les services de l’aménagement dans leur reconstruction très rapide des infrastructures. Nous discutons enfin les difficultés à concilier les perceptions des différents acteurs, le nécessaire temps de la recherche pas toujours facile à articuler avec l’urgence de la reconstruction et la nécessité vitale de désenclaver des secteurs qui sinon risquent d’être définitivement abandonnés par les populations.

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