La route, « produit de son entretien ». Analyse du traitement de la question routière au XIXe siècle par les Ponts et Chaussées

Par Paul Lesieur
Français

Cet article se propose d’analyser les débats scientifiques qui accompagnent la mise en place du réseau routier français au cours du XIXe siècle sous la direction des Ponts et chaussées, à partir de l’étude de leur revue technique depuis sa première parution en 1831 jusqu’à l’irruption de l’automobile qui bouleverse les techniques routières. Depuis les années 1820, une politique de rénovation routière est menée à l’échelle nationale avec pour but non seulement de réparer, mais surtout de garantir sur le long terme la conservation des routes, grace à la mise en place du macadam et de l’institution des cantonniers. Jusqu’en 1850, les ingénieurs débattent donc âprement des gestes que ces ouvriers doivent réaliser quotidiennement. Ils cherchent également à déterminer la formule mathématique qui relie l’usure ordinaire de la chaussée à la circulation, pour décider la répartition des crédits à partir de critères objectifs. L’ampleur des débats s’atténue ensuite et la recherche se focalise sur la définition de l’équation, en incorporant dans le calcul les propriétés du matériau utilisé. La science routière connaît une nouvelle audience à partir de 1880 autour des problèmes liés à la densité de la circulation urbaine. Son coût prohibitif pour les villes montre les premières limites du macadam. Au tournant du siècle, une grande enquête nationale invalide les équations utilisées pour estimer les frais d’entretien, réduisant à néant l’espoir de bâtir une science des routes autour de ce revêtement. Ainsi, tout au long du XIXe siècle c’est autour de la question de sa maintenance que les ingénieurs cherchent à ériger la science des routes, concevant la route comme le produit de son entretien.

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