L’aménagement d’un centre-ville sans voiture à Oslo : véritable politique de restriction automobile ou simple requalification de l’espace public consécutif à l’effacement du trafic motorisé ?

Par Grégoire Tortosa
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L’alternance politique à la municipalité d’Oslo en 2015 a amené aux affaires une coalition travaillistes-socialistes-écologistes qui, depuis, porte l’ambition de faire du centre-ville d’Oslo le plus vaste espace piéton d’Europe. Depuis 2018, la municipalité déploie ainsi son projet de « vie urbaine sans voiture » qui vise progressivement à chasser l’automobile du centre-ville et à réattribuer une nouvelle fonction aux espaces publics reconquis. Alors que cette entreprise est présentée par ses protagonistes comme une ambitieuse mesure de restriction automobile, en rupture avec la politique de mobilité des années passées, cet article défend la thèse qu’elle constitue, en réalité, le prolongement et la dernière phase d’un long processus, entamé depuis les années 1990, d’effacement des réseaux routiers de surface, participant tout autant à fluidifier la circulation automobile qu’à rouvrir la ville sur son front de mer. Ainsi, Oslo présente l’originalité d’une situation urbaine où la quête d’accroissement des capacités routières des années 1990, a permis, 25 ans plus tard, la piétonnisation d’un centre-ville, déchargé du trafic automobile. L’approche automobile de la mobilité, propre au paradigme de la ville moderne, et celle omnimodale, propre à celui de la ville durable, ailleurs opposées et concurrentes, semblent ici former un continuum, la première ayant permis l’avènement de la seconde. L’espace actuellement soustrait à la voiture en surface, au profil des modes alternatifs a, en effet, été largement compensé et précédé par le creusement d’un réseau routier souterrain destiné à faciliter la circulation automobile.

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