De la voirie à la rue : riveraineté et attrition. Des stratégies d'inscription territoriale des mobilités périurbaines

Dossier  : « La rue, entre réseaux et territoires »
Par Antoine Brès
Français

Résumé

L’approche conjointe du circuler et de l’habiter proposée ici s’appuie sur une prise en compte de la halte en tant qu’interface entre mobilité et territoire.
En effet, deux notions, riveraineté d’une voie et adhérence d’un mouvement, abordent les conditions concrètes de l’inscription territoriale de la mobilité. Elles mettent en évidence l’arrêt du véhicule automobile, le stationnement, comme point d’adhérence du mouvement automobile et comme condition de la riveraineté de la voie.
Construite à partir de ces deux notions, une typologie de la halte automobile permet de catégoriser les différents dispositifs spatiaux d’interface entre automobilité et territoire. Elle offre un cadre d’interprétation renouvelé des situations périurbaines de « bords de route » en permettant notamment de révéler les écarts entre pratiques prescrites à travers les dispositifs spatiaux mis en œuvre et pratiques observées.
L’inversion de point de vue sur l’urbanité et les enseignements qui en sont issus amènent à réinterroger les politiques d’aménagement des voies « passantes ». La notion de riveraineté d’une voie permet d’enrichir le cadre conceptuel à partir duquel les aménagements viaires sont conçus et de lever les ambiguïtés afférentes à la catégorisation de ces voies, qui s’appuie en général sur le caractère, plus ou moins rural ou urbain, de leur environnement. Elle permet en même temps de définir des stratégies d’évolution de ces voies qui se présentent à la fois comme des espaces de déplacement et des lieux potentiels de développement de pratiques urbaines et de mixité, dont la riveraineté est la condition. La voiture apparaît ainsi comme une sorte d’outil d’ancrage dans l’espace local, et non comme le responsable principal, trop vite décrié, de la dégradation de cet espace.
En se situant ainsi dans une perspective où le mouvement participe à l’émergence de l’urbain par le truchement de la halte, cette approche postule qu’il y a coproduction du mouvement et de l’urbain ; elle oblige à penser à la fois la circulation et la station, à travailler à leur imbrication intime ; elle substitue à une démarche basée sur la différenciation et la « sectorisation » une démarche qui valorise la conjonction et l’échange, par rapprochement et contact.

Voir l'article sur Cairn.info