Vers un service composite de gestion du métabolisme urbain. Ce que compostage industriel et compostage en pied d’immeuble ont en partage
Les dispositifs décentralisés de gestion des flux en ville, récupérateurs d’eau de pluie, composteurs de proximité, semblent proposer un fonctionnement distinct du grand réseau technique, dans la mesure où ils permettent de mettre en circularité et de relocaliser le métabolisme urbain.
Cet article examine les dispositifs décentralisés comme des techniques de gestion de flux à part entière. Il s’appuie sur l’analyse des chaînes opératoires, outils développés par l’anthropologie des techniques et qui rendent tangible la spécificité des dispositifs décentralisés, en décomposant les étapes matérielles de leur processus technique. Ce travail, appliqué au cas du compostage des biodéchets en Île-de-France, montre qu’il n’y a pas de différence de nature entre dispositifs industriels et dispositifs décentralisés. Ils partagent de nombreuses caractéristiques dont il s’agirait d’approfondir la connaissance pour mieux articuler les deux échelles : l’analyse matérielle du compostage en pied d’immeuble montre en effet comment les institutions contribuent à rendre le dispositif moins efficace qu’il pourrait l’être, faute de connaissance fine des processus décentralisés.
D’autre part, ces résultats conduisent à remettre en question les oppositions classiquement opérées, en matière de services urbains, entre réseau et post-réseau, high tech et low tech, système centralisé et système alternatif. Enfin, l’ouverture théorique et méthodologique de l’urbanisme à l’anthropologie des techniques s’avère fructueuse pour saisir les multiples techniques de gestion du métabolisme urbain, tant d’un point de vue matériel que social.
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